​16 novembre 2023. Sur l’ensemble de l’Île-de-France, et en particulier dans la Métropole du Grand Paris, le respect des réglementations en matière de qualité de l’air en vigueur, ainsi que celles actuellement débattues au niveau européen pour 2030 serait possible à condition d’amplifier et d’accélérer les politiques de baisse d’émissions de polluants de l’air. Cette amélioration de la qualité de l’air représenterait un bénéfice notable pour la santé des Franciliens et pourrait entrainer conjointement une baisse des émissions locales de gaz à effet de serre.


Respecter la réglementation actuelle d’ici 2025 nécessite de réduire plus vite les émissions de polluants de l’air que ce qui est prévu via les politiques déjà mises en place


Malgré l'amélioration significative de la qualité de l’air durant ces dernières décennies, 40 000 habitants d’Île-de-France étaient encore exposés en 2022 à un air dont les concentrations dépassaient la valeurs limite réglementaire actuelle pour le dioxyde. Les travaux d’Airparif montrent, en cohérence avec sa précédente étude approfondie sur le sujet, que respecter les valeurs limites réglementaires actuelles au sein de la Métropole du Grand Paris d’ici 2025 nécessiterait, en plus des politiques déjà mises en place, de conduire des actions menant soit à une réduction supplémentaire de 40% des émissions d’oxydes d’azote dues aux véhicules thermiques dans la zone, soit à une réduction supplémentaire de 30% des émissions d’oxydes d’azote de tous les secteurs d’activités émetteurs de polluants de l’air: véhicules, chauffage, zones aéroportuaires, etc. 


Le respect des futures normes en matière de qualité de l’air actuellement en discussion au niveau européen serait possible en 2030 moyennant des efforts supplémentaires


Du fait de l’actualisation par l’OMS des connaissances récentes en  matière d’impact de la pollution de l’air sur la santé humaine, concluant que la pollution de l’air a des conséquences graves pour la santé à des concentrations plus basses que ce qui était estimé par le passé, le parlement européen a voté en septembre 2023 dans le cadre de la révision en cours de la Directive sur l’air ambiant, une proposition visant à abaisser les valeurs limites actuelles à l’horizon 2030, puis une nouvelle fois à l’horizon 2035 pour les aligner sur les seuils recommandés par l’OMS. Les travaux d’Airparif montrent que les politiques déjà mises en place conduiront à une amélioration globale de la qualité de l’air d’ici 2030, mais que cette baisse devrait être insuffisante pour respecter à cette échéance les valeurs limites réglementaires en projet pour 2030 sur l’ensemble de l’Île-de-France.


 
Respecter la future valeur limite réglementaire en projet pour les particules et les particules fines en 2030 au sein de la Métropole du Grand Paris serait possible à condition de mettre en place des politiques publiques qui conduiraient, en plus de celles déjà en place, à une baisse supplémentaire de 40% des émissions de particules et de 30% des émissions de particules fines dans tous les secteurs émetteurs de polluants de l’air (transports routiers, chauffage, activités de construction, aéroportuaires, agricoles et industrielles). 


À titre illustratif, cette baisse pourrait être obtenue avec le remplacement de 50% des moyens de chauffage au bois résidentiel qui selon les projections actuelles devraient être utilisés en 2030 dans cette zone par des moyens de chauffage non émetteurs de polluants de l’air (pompes à chaleur, réseau de chauffage urbain basé sur la géothermie, etc.) ou à une rénovation thermique de l’ensemble des logements utilisant le chauffage au bois conduisant à une baisse de moitié de la consommation d’énergie pour le chauffage de ces logements. Dans le même temps, quant au trafic routier, cela équivaudrait à la suppression de l’équivalent de l’ensemble des émissions de particules (tant à l’échappement qu’à l’abrasion) des véhicules particuliers et des véhicules utilitaires légers prévus en circulation en 2030. 


Concernant les oxydes d’azote, en plus des politiques déjà en place, une baisse supplémentaire de 80% des émissions de ce polluant liées au trafic routier serait nécessaire pour respecter au sein de la Métropole du Grand Paris la valeur limite réglementaire en projet pour 2030. Toujours en tant qu’hypothèse de travail, cela correspondrait en termes d’ampleur à supprimer les émissions de l’ensemble des véhicules diesel restant en circulation en 2030, au profit de moyens de transport n’émettant pas d’oxydes d’azote (transports en commun, vélo, véhicules électriques). 


Respecter les recommandations de l’OMS en 2030 nécessiterait des mesures additionnelles conséquentes à l’échelle européenne, et nationale et une quasi-suppression des émissions franciliennes de pollution de l’air 


L’étude quantifie également les efforts supplémentaires nécessaires pour respecter les recommandations de l’OMS en matière de qualité de l’air à échéance 2030. Des baisses d’émissions d’oxydes d’azote de 80 à 90% dans tous les secteurs d’activités émetteurs de polluants de l’air, seraient nécessaires en plus des politiques régionales déjà en place. Concernant les particules fines, le respect des recommandations de l’OMS nécessiterait une quasi-suppression de l’ensemble des émissions d’Île-de-France, couplée à des politiques publiques conduisant à une baisse des émissions dans les régions et pays voisins très supérieure à celle attendue du fait des politiques déjà en place.


Les résultats présentés ici ont également été déclinés pour les EPCI. À cette échelle territoriale plus fine, les baisses d’émissions nécessaires pour respecter les différents seuils varient d’une collectivité à l’autre. Ces résultats seront transmis à la demande, pour chaque territoire francilien, via la page dédiée du site internet d’Airparif. Ils permettront d’alimenter le choix par la collectivité d’objectifs de qualité de l’air territoriaux, notamment dans le cadre de Plans d’action pour la qualité de l’air (PAQA).