17 mars 2015. L’épisode de pollution en cours est un épisode printanier. Ces épisodes sont généralement caractérisés par leurs ampleurs : ce sont des épisodes de grande échelle, visible au-delà de la région Île-de-France (IDF) comme l’illustre la carte de prévision ci-dessous.

Prévision de la qualité de l'air dans le Nord de la France de mardi 17 pour mercredi 18 mars 2015
(plateforme de prévision Esmeralda)

 

Ce sont des épisodes de pollution dus aux particules. Et l’on observe souvent une part importante des particules provenant de réactions chimiques de gaz entre eux (particules secondaires), et notamment du nitrate d’ammonium et du sulfate d’ammonium. Ainsi, lors de l’épisode de mars 2014, ces composés inorganiques secondaires représentaient certains jours plus de 60% de la masse des particules PM10 mesurées.

La formation de ces particules secondaires s’explique par les conditions météorologiques, anticyclonique avec des températures froides et humides le matin, qui sont propices à la formation de composés secondaires tels que le nitrate d’ammonium.

Elle s’explique aussi par les sources de pollution. La formation de nitrate d’ammonium et de sulfate d’ammonium nécessite notamment des émissions :

- d’ammoniac. Et ces épisodes ont généralement lieu durant la période d’épandages agricoles. Or l’agriculture (engrais et élevage) est le principal émetteur d’ammoniac en France (plus de 90% des émissions), le reste provenant du trafic routier. Comme la persistance dans l’atmosphère de l’ammoniac est longue, d’une semaine ou plus, sa  présence dans l’atmosphère de l’Île-de-France s’explique par des émissions régionales et du transfert de pollution à travers la France et l’Europe.
- d’oxydes d’azote qui contribuent à la formation d’acide nitrique puis de nitrate d’ammonium. En Île-de-France, les oxydes d’azote sont principalement émis par les transports routiers. Avec une présence dans l’atmosphère plus courte, de un à quelques jours, ces composés proviennent principalement de sources locales.
- et de dioxyde de soufre, qui conduit à la formation d’acide sulfurique puis de sulfate d’ammonium. Le dioxyde de soufre est émis par la combustion de fioul lourd et du charbon, voire par des éruptions volcaniques.

L’origine de ces épisodes correspond donc à des émissions agricoles ET du trafic routier que des conditions météorologiques particulières vont amplifier.

  • Deux types d’actions complémentaires sont possibles pour limiter ces épisodes printaniers et leur intensité :

En priorité, des actions à long terme et à large échelle (française et européenne) pour réduire les émissions d’ammoniac*, afin de diminuer les concentrations en nitrate d’ammonium et donc de particules. Cela implique d’agir de manière pérenne sur certaines pratiques agricoles.

Et de manière ponctuelle, des actions visant à réduire l’acide nitrique*. La formation de nitrate d’ammonium serait plus sensible aux concentrations d’acide nitrique qu’à celles d’ammoniac. Pour être efficaces, une réduction de l’acide nitrique implique de diminuer à la fois les émissions d’oxydes d’azote mais aussi celles d’hydrocarbures (Composés organiques volatils), et donc d’agir sur l’ensemble du secteur trafic routier (véhicules essence et diesel).