3 août 2018. Après une accalmie de quelques jours, l’Île-de-France subit un nouvel épisode de pollution dû à des niveaux soutenus d’ozone (O3). La procédure d'alerte est déclenchée pour demain compte tenu de la persistance du phénomène sur plusieurs jours. Les températures élevées et le fort ensoleillement actuel sont propices à la formation d’ozone à partir de polluants émis directement sur la région, qui s’ajoutent à des imports en provenance d’autres régions. 

Au-delà de l’ozone, certains polluants augmentent également, comme le dioxyde d’azote à proximité directe du trafic routier (NO2). Un épisode de pollution a également été constaté, en plus de l’ozone, le jeudi 26 juillet.

L'ozone : sa formation et ses effets  

L’ozone est un oxydant et les effets de ce polluant sont multiples, sur la santé (Ozone, chaleur et santé, Santé Publique France, août 2016), la végétation, les bâtiments et le climat puisque c’est aussi un gaz à effet de serre.

L’ozone est un polluant dit « secondaire », c’est-à-dire qu’il n’est pas rejeté directement dans l’atmosphère (au niveau d’un pot d’échappement ou d’une cheminée) mais il provient de la transformation chimique d’autres polluants : les oxydes d’azote (NOx) et les Composés Organiques Volatils (COV), sous l’action des rayons UV du soleil et en cas de fortes chaleurs. C’est donc un polluant « estival » dont les concentrations sont très corrélées à l’ensoleillement et aux températures élevées.

En Île-de-France, les oxydes d’azote (NOx) sont majoritairement émis par le trafic routier tandis que les COV proviennent de plusieurs sources et principalement : industries, solvants et peintures (utilisés tant par les entreprises que les particuliers), trafic routier (majoritairement les deux roues) et certains végétaux.

 

 

Comparaison avec d'autres épisodes d'ozone en condition de canicule :

Record du nombre de jours d’épisode : 2003
Les niveaux d’ozone varient d’une année sur l’autre en fonction des conditions estivales qui sont déterminantes comme le montre le graphique ci-dessous avec un nombre record de 19 jours d’épisodes de pollution à l’ozone en 2003, et en particulier en août lors de la canicule. A l’inverse, le peu d’épisodes en 2002, 2004 ou 2008 s’explique par des étés pluvieux et venteux.

Évolution du nombre de jours de dépassement des seuils réglementaires par polluants de 1998 à 2018

Pour 2018, au 03 août, le nombre d’épisode de pollution dû à l’ozone est de 8 jours, comme en 2006.  

Niveaux atteints ces dernières années

Les observations record pour l’Ile-de-France ont été atteintes le 12 juillet 1994 avec une valeur horaire record en zone rurale de 357 μg/m3. A titre de comparaison, le 8 août 2003, jour de l’épisode le plus intense de l’été, les valeurs maximales ont atteint 282 μg/m3 en zone rurale Sud Ouest (Forêt de Rambouillet) et sur la station des Ulis (91).

Ces dernières années, des pics de pollution à l’ozone ont été régulièrement observés. A titre de comparaison, lors de l’épisode de pollution de fin juillet 2018, le niveau le plus élevé a été atteint le jeudi 26, avec 238 μg/m3 en moyenne sur une heure.

Une diminution de l’intensité des épisodes d’ozone mais des tendances annuelles à la hausse

Ces évolutions depuis 1994 mettent en évidence une diminution de l’intensité des épisodes de pollution liés à l’ozone qui s’expliquent par les réglementations françaises et européennes qui ont permis de diminuer de manière pérenne les émissions de précurseurs d’’ozone (oxydes d’azote,NOX et hydrocarbures, COV). Cette baisse serait de l’ordre respectivement -40 % pour les NOx et de -60 % pour les COV. 

Néanmoins, au-delà de ces variations ponctuelles liées aux épisodes de pollution, l’ozone est le seul polluant pour lequel les tendances annuelles ne montrent pas d’amélioration mais sont au contraire en augmentation, notamment à l’échelle de tout l’hémisphere Nord.

 

Les actions en cas d'épisode :

Se protéger lors d’un épisode de pollution

En cas d’épisode à l’ozone, il est recommandé de prévoir des activités physiques et l’aération des lieux de vie plutôt dans la matinée, car l’ozone se forme surtout l’après-midi lorsque l’ensoleillement est maximal. 

Pour les personnes vulnérables et sensibles en cas de dépassement du seuil d’information : 

  • Limiter les sorties durant l'après-midi
  • Limiter les activités physiques et sportives intenses (dont les compétitions) en plein air ; celles à l'intérieur peuvent être maintenues

Le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France a émis, en novembre 2014, un avis relatif aux conduites à tenir lors des épisodes de pollution atmosphérique.

L’ARS émet des recommandations sanitaires aux personnes vulnérables, sensibles et à la population générale basées sur l’arrêté du 13 mars 2018 relatif aux recommandations sanitaires en vue de prévenir les effets de la pollution de l’air sur la santé.

Les  mesures mises en place par les autorités 

Les mesures d’urgence décidées par la Préfecture de Police concernent notamment le trafic routier et les industriels. Voir le site de la Préfecture.

Des mesures complémentaires sont prises dans certaines villes, telles que la gratuité du stationnement résidentiel.